Conseil bioéthique Rédemptoriste
Retour sur le rapport du Sénat sur l'euthanasie et le suicide assisté
Prairie Messenger
Octobre 1995
Mark Miller, C.Ss.R. Ph.D.
Au début de juin de cette année, le Comité sénatorial spécial a publié son rapport tant attendu sur l’euthanasie et le suicide assisté. Lorsque le rapport a été publié, les médias ont réagi en masse, puis se sont tus ! Comme cela semble souvent se produire avec les rapports gouvernementaux, le ton et la fureur étaient au rendez-vous, et les résultats n’ont fait qu’un bref survol.
Cependant, les partisans du suicide assisté et même de l’euthanasie continuent de s’efforcer de rendre l’une ou l’autre de ces pratiques socialement acceptables. Par conséquent, il est important de continuer à informer le grand public sur les options morales et les alternatives au meurtre. Une lecture attentive du rapport du Sénat révèle, à mon avis, plusieurs grandes bases sur lesquelles bâtir une société bienveillante plutôt qu’une société meurtrière.
La recommandation la plus forte du rapport visait à juste titre à améliorer l’accès aux soins palliatifs pour tous les Canadiens. Les soins palliatifs, ou les soins adaptés aux circonstances de la mort, sont souvent relégués dans un coin périphérique de notre système de santé, malgré les efforts héroïques de nombreux professionnels des soins palliatifs. D’énormes ressources sont consacrées à la guérison des maladies et à la recherche de nouveaux traitements. La réalité de la mort et les processus qui accompagnent la mort continuent cependant de nuire à la conviction profonde du pouvoir de guérison et de restauration de la médecine moderne.
Mais lorsque le système de santé néglige les mourants précisément parce qu’ils ne peuvent pas être « guéris », il est alors déformé et les mourants – qui sont encore bien vivants ! – n’ont pas accès à des soins appropriés. En particulier, lorsque la douleur n’est pas contrôlée adéquatement, ou lorsque la dépression et le découragement prennent le dessus parce que les conseils et les contacts humains sont absents, certaines personnes prennent les choses en main et décident que la mort est préférable à la vie. Plus tragique encore, d’autres meurent dans des souffrances inutiles, dans l’isolement et l’angoisse.
Pourtant, les soins palliatifs (ou soins palliatifs) ne sont pas bien connus dans tout le Canada, et ne sont pas toujours disponibles. Un médecin a indiqué au Comité sénatorial que les soins palliatifs ne sont accessibles qu'à environ 5 % de la population canadienne! D'où la tâche ardue que doit accomplir le système de santé canadien pour assurer de bons soins aux mourants.
Dans les Prairies, les soins palliatifs se sont progressivement développés, grâce aux efforts de nombreux soignants professionnels, de nombreux bénévoles locaux et souvent avec le soutien d’établissements de santé catholiques. Des unités de soins palliatifs sont actives dans chaque grande ville. Et, petit à petit, le concept de soins palliatifs s’est répandu dans les zones rurales où médecins et infirmières, en collaboration avec des bénévoles locaux, ont établi des réseaux de bonnes possibilités de soins palliatifs. Dans certains centres ruraux, l’hôpital local, la maison de retraite ou le centre de santé dispose d’au moins une chambre disponible pour une personne mourante qui a besoin de soins médicaux. Une place est généralement réservée pour que la famille puisse également rester avec le patient.
Encore plus intrigant est l’effort déployé, tant en milieu rural qu’en milieu urbain, pour aider les gens à passer leurs derniers jours ou mois à la maison. Des médecins et des infirmières sont disponibles pour assurer un contrôle adéquat de la douleur. Des travailleurs sociaux et des agents de pastorale aident à gérer les conditions de vie ou à faire face à des difficultés émotionnelles, spirituelles ou psychologiques. De nombreux bénévoles aident à de nombreux niveaux : organisation, soins de relève, assistance aux mourants et soutien aux familles. Les histoires abondent sur la beauté de mourir dans la douleur de perdre un être cher, car les soins, l’amour, le partage, la réconciliation et le temps passé ensemble sont essentiels au processus de soins palliatifs.
Néanmoins, partout au Canada, les soins palliatifs ont encore beaucoup de chemin à parcourir avant d’être pleinement acceptés par les planificateurs gouvernementaux. Pour illustrer comment les décisions gouvernementales au sommet peuvent influer sur la réalité de soins palliatifs de qualité, prenons le contraste suivant. En Saskatchewan, le système de santé reconnaît la place essentielle des soins palliatifs dans les soins de santé appropriés, tant à l’hôpital qu’à domicile. Le coût des médicaments est couvert par le régime d’assurance lorsque des soins palliatifs sont nécessaires. En Alberta, cependant, seuls les médicaments utilisés à l’hôpital sont couverts. Les soins palliatifs à domicile (à quelques exceptions près) deviennent plus coûteux pour le patient et sa famille. Ironiquement, alors que le niveau de confort des mourants est souvent beaucoup plus élevé à la maison (avec des soins palliatifs appropriés), certaines familles peuvent demander un lit de soins palliatifs à l’hôpital simplement en raison du coût – et l’ensemble du système doit alors payer le coût beaucoup plus élevé d’un séjour à l’hôpital!
Pour que les recommandations du Comité sénatorial sur les soins palliatifs ne soient pas perdues, il est important que cet aspect des soins de santé, qui a déjà fait ses preuves, soit soutenu comme il se doit par nos gouvernements et les responsables des soins de santé. Les mourants ne méritent rien de moins que ces soins s'ils veulent mourir dans la dignité que mérite tout être humain. Ne laissons pas nos gouvernements négliger cette question. (Et enfin, savez-vous si les soins palliatifs sont disponibles dans votre district sanitaire ? Il est peut-être temps de poser certaines questions, avant que des soins inadéquats aux mourants ne posent problème.)