
Bill Bernard, C.Ss.R.
14 Mar 2025
En 2021, Mick Fleming et moi-même sommes arrivés dans les Territoires du Nord-Ouest. Nous avons commencé à exercer notre ministère dans trois communautés autochtones : Mick à Behchoko, moi à Fort Providence et un dimanche par mois à Wekweeti.
Behchoko est de loin la plus grande communauté - près de 2 000 personnes. Fort Providence en compte environ 700 et Wekweeti (une communauté accessible par avion) 160. Voici quelques-unes de mes réflexions sur le ministère auprès des populations autochtones ici dans le Nord.
Au début, mon plus grand défi a été de m’habituer à l’isolement. Behchoko se trouve à 100 km à l’ouest de Yellowknife, la plus grande agglomération des Territoires du Nord-Ouest. La paroisse suivante est Fort Providence, à 200 km de Behchoko. Entre les deux, il n’y a aucune agglomération, pas même une maison. Il n’y a que des arbres, des rochers et de l’eau. Mick et moi nous réunissions une fois par mois pendant une journée pour entretenir notre esprit communautaire.
Les populations autochtones du Canada sont souvent pauvres. Ils sont en mauvaise santé. Leur niveau d’éducation formelle est souvent faible. Ils luttent encore contre les séquelles persistantes des pensionnats - dans leur enfance, beaucoup n’ont pas connu une vie de famille normale et n’ont donc pas su comment élever leurs propres enfants. Leur enfance malheureuse s’est traduite par des tentatives de trouver le bonheur dans l’alcoolisme et la toxicomanie.
Malgré tout, j’ai été surpris de constater la profondeur de la foi de la plupart de ces populations indigènes. Ils comprennent que le Créateur est grand et qu’ils sont petits. Ces personnes prient profondément. On voit souvent des gens (en particulier des personnes âgées) assis seuls sur des bancs au bord de la rivière pendant de longues périodes. C’est de la contemplation : ils voient Dieu dans la nature d’une manière très différente de celle des Européens. Mais ce n’est pas tout : miraculeusement (à mon avis), les enseignements des premiers missionnaires catholiques ont frappé leur imagination. Malgré tous les problèmes qu’ils ont eus avec l’Église depuis les pensionnats, beaucoup d’entre eux se sentent encore chez eux dans la communauté de foi catholique. La congrégation dominicale de la Mission Notre-Dame de la Providence compte environ 40 fidèles, soit une vingtaine de personnes chaque dimanche. Mais environ 80 % des personnes présentes se disent catholiques. La situation est la même dans la majeure partie du Nord.


À mon avis, le plus grand défi pastoral est d’approfondir la compréhension de la foi catholique des gens. Leur situation ressemble beaucoup à celle des habitants des environs de Scala à l’époque de saint Alphonse. Ils avaient des traditions catholiques, mais ne savaient pas comment vivre leur relation avec Dieu.
Ces dernières années, nos gens d’ici n’ont reçu que peu d’instruction dans la foi. Cela signifie qu’il faut revenir à l’essentiel. Cela signifie aussi que je dois simplifier le message comme je n’ai jamais eu à le faire auparavant et démontrer une grande patience. Et cela m’oblige à être sensible à leurs traditions spirituelles et à leur compréhension.
Le simple fait qu’un prêtre vive avec eux a eu un impact important. Il leur rappelle que l’Église (et Dieu) ne les a pas abandonnés. C’est un privilège et une joie de travailler parmi eux.